Couper le micro à la voix critique
Quand une voix suicidaire surgit et dit :
« Tu es toujours un perdant, et tu le seras toujours ! »
on peut se demander : à qui appartient cette voix ?
De qui avons-nous déjà entendu quelque chose de semblable ?
Parfois, la réponse est immédiate :
« Mon père disait ce genre de choses. »
ou
« Ma mère me grondait toujours de cette façon. »
Mais ici et maintenant, si nous sommes blessés, ce n’est plus parce qu’il y a trente ans notre père nous méprisait ou que notre mère nous parlait durement.
C’est parce qu’aujourd’hui, en nous, une voix critique, perpétuellement insatisfaite, parfois même suicidaire, continue de parler.
Nos parents ne nous ont pas fait de mal depuis longtemps, mais ces phrases terribles résonnent encore, portées par une part intérieure abusive.
Et aujourd’hui, nous pouvons enfin lui dire : « Ça suffit ! »
Bien sûr, il est utile d’explorer le passé, de le comprendre et de mettre de l’ordre en nous autant que possible — dans la mesure où cela nous aide.
Mais la clé de notre situation est ici et maintenant, entre nos mains.
Nous avons deux choix :
envoyer cette voix au diable
ou continuer de la croire et vivre comme si elle avait raison, impuissants.
L’essence du problème de conscience est donc :
Mes difficultés ne sont pas dans le passé, mais dans le présent.
Elles ne sont pas dans les mains d’autrui, mais dans les miennes.
Cela signifie que je ne peux pas changer le passé — mais je peux changer le présent.
Le passé peut rester ce qu’il est.
C’est le présent qui doit être transformé, car aujourd’hui, plus personne d’autre ne me blesse : c’est une partie blessée de moi qui me traite mal.
Aujourd’hui, nous ne sommes plus les enfants impuissants face aux paroles blessantes d’hier. Nous avons grandi, nous avons des ressources, et nous pouvons choisir de couper le micro à cette voix intérieure qui répète des phrases héritées du passé. Le passé reste ce qu’il est, mais le présent nous appartient. En décidant, ici et maintenant, de nous parler avec respect, fermeté et bienveillance, nous reprenons notre rôle d’acteur de notre vie. Et à chaque fois que cette voix critique tente de revenir, nous pouvons lui rappeler qu’elle n’a plus de place ici. C’est ainsi, pas à pas, que l’on se libère vraiment.
Sofia Horvath
Source : Feri Pál : Ce qui compte vraiment