Discipliner ou éduquer ?
Il y a quelques jours, j’ai vu une vidéo extrêmement instructive sur la parentalité.
En résumé, un petit garçon criait sur sa sœur qu’elle était agaçante. Leur mère est intervenue pour lui expliquer que, même si son comportement pouvait l’agacer, cela ne faisait pas d’elle une personne agaçante. Elle lui a rappelé qu’il n’était pas juste d’attribuer à l’autre des qualités ou défauts qui découlent de nos propres émotions.
Car ce n’est pas parce que quelqu’un agit de manière agaçante ou commet une bêtise qu’il est, en soi, agaçant ou stupide.
Ce qui m’a le plus marqué, ce n’est pas la vidéo elle-même, mais un commentaire parmi les réactions. Un homme d’environ 35 ou 40 ans écrivait qu’en voyant ce genre de contenu, il avait réalisé, avec son regard d’adulte, qu’il n’avait jamais été véritablement élevé, mais seulement discipliné par ses parents.
Pas élevé, seulement discipliné.
La formulation originale en anglais (I wasn't parented, only disciplined) rend sans doute mieux la nuance. En hongrois, par exemple, « éducation » et « discipline » sont souvent considérés comme synonymes.
Réfléchissez-y : quand quelqu’un dit « Mes enfants sont bien élevés ! », on ne pense pas spontanément qu’ils savent communiquer avec assurance, faire preuve d’empathie, considérer les autres, admettre leurs erreurs, demander de l’aide ou exprimer leurs sentiments. On pense plutôt qu’ils se comportent "comme il faut", souvent grâce à une discipline stricte et des mesures punitives destinées à éviter aux adultes toute complication.
« Ne crie pas. Ne cours pas. Ne parle pas mal. Ne sois pas irrespectueux. N’oublie pas de dire bonjour. N’interromps pas quelqu’un qui parle. »
Autant d’interdictions que l’on appelle "éducation", mais qui relèvent en réalité de la discipline.
Éduquer, ce n’est pas seulement dire ce qu’il ne faut pas faire ; c’est aussi montrer ce qu’il faut faire et, surtout, expliquer pourquoi. C’est transmettre aux enfants les clés pour qu’ils trouvent, par eux-mêmes, la bonne réponse à chaque situation.
L’éducation développe des valeurs intérieures et une pensée indépendante, afin que nos enfants deviennent des adultes confiants, capables de prendre des décisions et de relever les défis.
La discipline, elle, cherche surtout à contrôler le comportement.
Et qu’on le veuille ou non, une éducation consciente repose sur la connaissance et la maîtrise de soi des parents. Si un père ou une mère ne discipline que lorsqu’il ou elle perd patience, ou punit simplement pour imposer ses propres attentes, ce n’est plus de l’éducation, mais une manière de se décharger de sa propre tension.
Bien sûr, je ne prétends pas être parfaite. Il m’arrive, moi aussi, de céder à la facilité de la discipline, faute d’énergie ou de patience pour une explication plus constructive. Mais j’essaie que cela reste exceptionnel.
Mon objectif n’est pas que mes enfants obéissent aveuglément à mes demandes, simplement pour éviter les problèmes. Je ne veux pas être un policier, mais leur mère. Pour moi, élever un enfant, c’est transmettre des valeurs et un mode de pensée, pas des règles rigides et un contrôle constant. Je souhaite qu’ils agissent non pas pour me plaire ou éviter une punition, mais parce qu’ils sentent, au fond d’eux, ce qui est juste.
Je veux leur apprendre comment réfléchir, et non quoi penser.
Et j’espère que, dans 15 ou 20 ans, en les regardant, je pourrai me dire :
« J’ai vraiment élevé mes enfants » — et pas seulement ce que beaucoup entendent par là.
L’éducation développe des valeurs intérieures et une pensée indépendante, afin que nos enfants deviennent des adultes confiants, capables de prendre des décisions et de relever les défis.
La discipline, elle, cherche surtout à contrôler le comportement.
Le problème, c’est que des années de « grondages » sans explication laissent souvent des traces à l’âge adulte. Les personnes qui ont grandi ainsi peuvent avoir du mal à identifier leurs propres émotions, à comprendre celles des autres ou à exprimer leurs besoins sans peur. Elles peuvent être tentées de se conformer en permanence pour éviter les conflits, ou au contraire, rejeter toute forme d’autorité, car elles l’associent à une expérience négative. L’absence d’explications prive l’enfant de la possibilité d’apprendre le sens et la raison derrière les règles ; devenu adulte, il agit alors par réflexe — obéir ou se rebeller — plutôt que par compréhension et choix réfléchi.
Et qu’on le veuille ou non, une éducation consciente repose sur la connaissance et la maîtrise de soi des parents. Si un père ou une mère ne discipline que lorsqu’il ou elle perd patience, ou punit simplement pour imposer ses propres attentes, ce n’est plus de l’éducation, mais une manière de se décharger de sa propre tension.
Sofia Horvath
Inspiration: https://www.facebook.com/61567068553210/posts/pfbid0YVpJvpkS3FkEUiUu7dnEg9GjAcsT7SRdSpMf5GAqRKWDLDj8mTTqhnz7tyCL3JsTl/